La malnutrition à Madagascar
Madagascar figure parmi les 20 pays ayant un taux de malnutrition les plus élevés dans le monde. La moitié des enfants de moins de cinq à Madagascar présente actuellement un retard de croissance.
La pauvreté constitue l’une des principales causes profondes de la malnutrition. Cette situation est aggravée par les catastrophes naturelles récurrentes tels que les cyclones dans le sud-est et la sécheresse au sud qui causent régulièrement d’importantes pertes agricoles.
Les causes immédiates de la malnutrition chronique sont liées à une alimentation en quantité insuffisante chez le nourrisson et le jeune enfant pendant une période relativement longue. Elle résulte également d’une alimentation inadéquate, c’est-à-dire d’un manque de diversité alimentaire et de mauvaises pratiques nutritionnelles comme la durée d’allaitement exclusif qui reste faible.
Le mauvais état de santé des mères ne permet pas de donner naissance à des enfants en bonne santé. En effet, 27 pourcent des femmes en âge de procréer souffrent d’insuffisance pondérale, 39 pourcent souffrent d’un retard de croissance, 35 pourcent sont anémiques et 49 pourcent des femmes enceintes complètent les 4 consultations prénatales recommandées.
L’accès aux soins de santé demeure problématique, notamment les distances importantes entre le lieu d’habitation et le centre de santé qui ne permettent pas toujours un suivi pré et post natal adéquat, ni un suivi de l’état de santé et de l’état nutritionnel des mères et de leurs enfants. De plus, les structures de santé locales manquent de matériels et d’équipements nécessaires au suivi de la croissance des enfants, ainsi que de personnel.
Le retard de croissance dû à la malnutrition chronique affecte négativement les fonctions cognitives, la santé, le niveau scolaire et la productivité. La malnutrition chronique serait responsable de la perte de plus de 10 pourcent de revenu chez l’adulte et d’une perte de 2 à 3 pourcent du PIB.
Le programme
Le programme AINA répond aux besoins nutritionnels des communautés les plus vulnérables à travers une approche concertée et innovante. Il repose sur l’analyse des insuffisances et des bonnes pratiques issues des expériences passées afin d’en tirer les leçons, notamment un recentrage des interventions en ciblant les adolescentes, les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans.
Dans le cadre du Résultat 3 du programme, les activités menées par les partenaires visent à améliorer les pratiques nutritionnelles et d’hygiène chez les communautés les plus touchées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, selon trois axes d’intervention :
• La promotion des bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène auprès des femmes enceintes et allaitantes et des enfants de moins de cinq ans ;
• La promotion et le suivi de la croissance des enfants de moins de cinq ans ;
• Et le renforcement des systèmes d’information et de veille nutritionnelle communaux.
Les partenaires AIM, CARE, GRET, PAM ont une expertise prouvée en matière de sensibilisation et d’éducation nutritionnelle et travaillent main dans la main avec les acteurs nationaux et gouvernementaux pour un impact à long terme. Leur action commune se base sur un renforcement constant de la coordination et la recherche de synergies et complémentarités. Afin d’approfondir et de renforcer les liens entre la production et la nutrition dans le cadre du programme AINA, une expertise internationale appuiera les expériences nationales.
Activité 1 : Promotion des bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène
Les thèmes de sensibilisation sont axés sur les bonnes pratiques nutritionnelles (allaitement exclusif, diversification alimentaire, alimentation de complément, vaccination et suivi de la croissance), ainsi que sur les bons réflexes d’hygiène et sanitaires des femmes enceintes et allaitantes dans le cadre de la prévention des maladies et de la mortalité infantile (recours aux soins de prévention des maladies, pratiques d’hygiène, traitement et préservation de la qualité de l’eau, etc.). L’utilisation d’aliments de complément/diversification sera particulièrement promue dans le cadre du programme.
Sous-activités 1.1 : Sensibiliser et éduquer les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de cinq ans aux bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène
- Concevoir un système d’Information Education Communication (IEC) nutritionnel adapté aux cibles en capitalisant les expériences de chaque partenaire complétées par l’expertise internationale de la FAO.
- Développer et diffuser les supports de communication subséquents adaptés à chaque zone pour chaque activité avec la collaboration des ORN.
- Organiser des séances de sensibilisation au niveau des villages, communes et districts en collaboration ou non avec les CSB.
- Redynamiser et/ou renforcer les sites du Programme National de Nutrition Communautaire (PNNC) préexistants et mettre en place de nouveaux sites PNNC suivant la nécessité.
- Etendre le réseau communal de centres communaux de nutrition (au-moins 26 communes) et renforcer les capacités des coordinateurs communaux.
- Fournir des paquets de formation et kits de sensibilisation appropriés aux Volontaires (relais) Communautaires et assurer leur utilisation effective.
- Appuyer les responsables locaux et les représentants communautaires à l’élaboration et à la mise en œuvre des Plans d’Action Communautaire contre la Malnutrition.
Sous-activité 1.2 : Promouvoir et diffuser des aliments de complément
- Organiser régulièrement des séances de démonstration culinaires et d’animations autour des bonnes pratiques alimentaires et de l’alimentation de complément du jeune enfant pour les femmes (au niveau des centres de nutrition mais aussi des marchés communaux.
- Consolider et étendre le réseau des points de ventes des aliments diversifiés et/ou fortifiés.
- Mener une étude marketing pour la conception, la diffusion d’un nouveau produit (One serving Day) couvrant les besoins journaliers en vitamines et minéraux pour les enfants à partir de 6 mois, pour la zone Sud.
- Mettre en ventes les nouveaux produits retenus (dont les qualités nutritionnelles et sanitaires seront périodiquement suivies).
- Renforcer les connaissances des parties prenantes sur les produits proposés dans le cadre du programme AINA.
La promotion et la diffusion d’aliments de complément permettent d’expliquer les caractéristiques essentielles d’une bonne alimentation tout en améliorant l’état nutritionnel, mais permettent également de prouver l’utilité de consommer les graines de céréales et de légumineuses produites dans le résultat 1, dans le cadre de la diversification des régimes alimentaires. Ces actions se feront en partenariat avec le PAM qui approvisionnera les CSB en farine enrichie (Corn soya Blend) mais les farines enrichies disponibles sur le marché local (type Koba AINA ou Koba MAZIKA) seront également favorisées. Les activités consistent à :
Activité 2 : Promotion et suivi de la croissance des enfants de moins de cinq ans
Afin de pérenniser les acquis du programme et contribuer à l’appropriation des activités par les communautés ciblées, les partenaires appuient les structures locales existantes en renforçant leurs capacités, à travers la formation de personnels et la dotation de matériels. Cela permet également d’assurer la synergie des activités de nutrition au niveau des communes.
Sous-activités 2.1 : Promouvoir la croissance des enfants moins de cinq ans.
- Accompagner le fonctionnement des centres de santé de base CSB au niveau des communes : Identifier les CSB à redynamiser ; Fournir les équipements et matériel nécessaires au suivi des enfants en partenariat avec les services déconcentrés du ministère de la santé ; Recruter des bénévoles pour appuyer le personnel médical dans le suivi des enfants ; Approvisionner les CSB en farines enrichies (Corn Soya Blend) en partenariat avec le PAM.
- Et/ou mettre en place et appuyer le fonctionnement des Centres d’Accueil des Enfants Malnutris (CAEM) au niveau communautaire : Recruter et former des agents communautaires locaux ; Fournir les équipements et matériel nécessaires au suivi de croissance des enfants ; Assurer des séances régulières de sensibilisation des mères ; Promouvoir les farines enrichies disponibles sur le marché local (type Koba AINA ou Koba MAZIKA).
Sous-activité 2.2 : Suivre la croissance des enfants moins de cinq ans.
- Doter les centres de pesée en équipements et matériels nécessaires au Suivi et Promotion de la Croissance (SPC).
- Recruter et former des Volontaires Communautaires au SPC ou des bénévoles.
- Recenser les femmes allaitantes et les enfants de moins de 5 ans, cibles des SPC, en collaboration étroite avec les Volontaires Communautaires.
- Organiser périodiquement des séances de pesée au niveau des Fokontany, des CAEM en collaboration soit avec les agents de SEECALINE soit avec les Volontaires Communautaires.
- Transférer au niveau des CRENI et/ou CRENA (qui sont du ressort des structures du Ministère de la Santé) les enfants atteints de malnutrition aigüe ou de malnutrition chronique.
Activité 3 : Suivi de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans, et mesure de l’impact des interventions
Afin de mesurer concrètement les changements liés au programme, les partenaires mettent en place une approche commune et renforcent les capacités nationales en termes de collecte et gestion des données.
- Organiser un atelier de travail avec les ORN et les partenaires pour définir une approche et une méthode commune de travail.
- Appuyer les ORN dans la remontée régulière et à temps des données nutritionnelles demandées par le programme AINA (Indicateurs de base : retard de croissance, prévalence de la malnutrition chronique et aigue, taux d’anémie chez les femmes, insuffisance pondérale chez les enfants et les mères, poids des enfants à la naissance).
- Organiser des réunions de travail avec les parties prenantes, avant le début de chaque saison culturale afin d’orienter les activités de diversification des cultures du résultat 1 au regard des résultats d’impacts nutritionnels obtenus.
- Organiser un atelier national de capitalisation sur le thème de l’amélioration des pratiques nutritionnelles dans le cadre du programme en dernière année.