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Introduire l’herbe à éléphant, une plante fourragère et brise-vent

L’herbe à éléphant ou miscanthus est une plante fourragère originaire d’Asie. Cette plante a besoin de beaucoup d’eau pour être productive et fournir une herbe de qualitaté. Utilisée comme combustible mais aussi pour ses fibres, le miscanthus fait son bonhomme de chemin dans la région Anôsy avec le projet ASARA, réalisé par Welthungerhilfe et Efa. Les paysans leaders et paysans relais du projet ASARA ont fait connaissance avec le miscanthus ou Relaza suite à une formation au CEFFEL d’Antsirabe en 2015. Le GRET, ONG partenaire du WHH est le premier utilisateur de la plante dans la région mais cette dernière a vulgarisé son utilisation dans l’Anôsy afin de résoudre les problèmes de fourrage et protéger le sol contre l’érosion grâce à son effet brise-vent. En effet, les éleveurs pratiquent la culture sur brûlis afin de fournir l’herbe tendre pour leurs zébus. Ils grignotent ainsi sur les montagnes nues de la chaîne de l’Anôsy, mais aussi sur la forêt primaire. Le problème est pratiquement national mais l’Anôsy dispose encore de la forêt de Tsitongabarika, du parc national d’Andohahela et d’autres réserves de la faune et de la flore, qu’il faut protéger.

Face à l’enthousiasme des paysans, WHH a introduit une tonne de Relaza distribué dans les axes sur Ranopiso, Ranomafana et Manantenina. Les 69 paysans leaders et paysans relais ont alors planté l’herbe à éléphant sur leurs terrains et les Champs Ecoles Paysans, couvrant une surface d’un total de près de un ha. A Ifarantsa, Masy Olga et Anatole ont planté l’herbe sur neuf mètre carré afin d’en prélever des boutures. Les paysans aux alentours ont vu l’intérêt de la plante et ont déjà demandé à nos PR de leur en fournir. L’offre ne suit pas encore la demande et les moyens manquent encore pour une diffusion à plus large échelle mais l’on estime que les PR de WHH ont produit près de 30 t de biomasse de Relaza dans le district de Fort-Dauphin. Il est à espérer que les autres organisations et acteurs de l’élevage suivent le mouvement et en fassent la promotion auprès de leurs bénéficiaires.

Le miscanthus, herbe à éléphant ou Relaza.

13 ha de bas-fonds marécageux transformés en rizières à Iaboakoho, Fort-Dauphin

Iaboakoho est une commune d’à peu près 7000 habitants, le long de la RN T12, à 65 km de Fort-Dauphin. Ce lieu se trouve le long des chaînes de l’Anôsy et la communauté bénéficie de la proximité de la forêt de Tsitongabarika qui abrite  des trésors de la biodiversité malgache. L’Asity Madagascar en est le gestionnaire et travaille avec la COBA ou Communauté de Base dans sa préservation. Sensibilisés sur l’importance de la protection de l’environnement, les habitants ont adopté des pratiques de protection de l’environnement. Ils ne coupent plus les arbres et en ne cultivent plus sur les coteaux. Toutefois, il a fallu chercher une solution pour pallier au manque dans leur revenu. Avec Asity, ils ont alors approché Welthungerhilfe à travers le projet ASARA.

Une étude a d’abord été réalisé en 2014 avec SD-Mad et il a été décidé de transformer les bas-fonds qui se trouvent au Sud du village en rizières. Cela a été réalisé en creusant un canal de drainage de 1377 m par des travaux HIMO durant trois mois en 2015 avec 150 personnes. Les 17 ménages propriétaires de ces nouvelles rizières se sont donnés le challenge de devenir une région productrice de riz, à l’instar de l’Alaotra.

« Notre défi est de faire en sorte que la commune devienne aussi productrice de riz que l’Alaotra. » a déclaré Monja Félix, Secrétaire Trésorier à la Commune mais aussi Président de la Commission sur la Trésorerie de l’Association des Usagers de l’Eau.

Les agriculteurs ont été initiés au Système de Riziculture Intensif et divers autres techniques pour la cultivation des cultures maraîchères à travers le Champ Ecole Paysan (CEP).  Monja, dit Mémé, est un des Paysans Relais qui s’occupe du CEP. Il a travaillé en étroite collaboration avec les techniciens du projet et a pour rôle de transmettre ces connaissances à ses congénères. Il fût l’un des premiers à adhérer au projet. « J’ai supporté des mots très durs venant des sceptiques au début. Maintenant, beaucoup regrettent de ne pas avoir participer au projet à cette époque.»

Les travaux continuent encore pour mettre en valeur les 13 ha de rizières. Il reste des palmiers à couper et des portions du canal à bien renforcer. Les membres de l’AUE ou Association des Usagers de l’Eau vont réaliser les premières opérations de maintenances en ce mois de juillet.

Plaque indiquant le déroulement des travaux HIMO en 2015.

Une portion du canal creusé dans les bas-fonds de Iaboakoho.

 

 

Il est facile d’apprendre les techniques, tout est question de volonté

Faravavy Faraline est une femme de caractère et pleine d’entrain. A 36 ans, elle élève ses cinq enfants avec les trois autres de sa belle-sœur. La famille nombreuse a toujours subsisté avec l’agriculture traditionnelle à Sakatany, un village à 76 km de Fort-Dauphin, sur l’axe menant à Ranomafana, dans les montagnes de l’Anôsy. L’endroit est idyllique avec la forêt primaire qui subsiste aux alentours, le fleuve coule tranquillement en bas de la vallée et la sécurité est bien assurée.

Tout n’est pourtant pas si parfait dans le village et la production agricole n’a pas donné de bons résultats ces dernières années. En Décembre 2015, les agents de WHH sont venus sensibilisés la population sur les techniques culturales et la diversification de la production avec les cultures maraîchères. Faravavy Faraline est parmi les 1000 agriculteurs qui ont suivi les formations et a pu enrichir ses connaissances au niveau des Champs Ecoles Paysans. Elle affirme que l’apprentissage a été aisée.

« Il est facile d’apprendre les techniques. Il faut juste en avoir la volonté, car si on n’en a pas, c’est là que les applications deviennent difficiles. »

 Elle a pu vendre ses maniocs et en garder assez pour son stock personnel. Avec la vente de ses cultures maraîchères, elle a pu s’acheter un cochon et puis trois autres. Ses gains lui ont permis de s’acheter des poules et d’autres semences de différents pois.

« J’aime cultiver les traka (cultures maraîchères). J’essaie d’en prendre soin et d’effectuer les traitements nécessaires pour les protéger des insectes ravageurs. »

Faravavy Faraline a pu constater que son niveau de vie s’est nettement amélioré grâce aux semences de qualité et matériels qu’elle a reçu en tant que femme leader. Son rôle lui a permis de transmettre les connaissances aux nombreux voisins qui sont venus à sa porte après avoir constaté sa réussite.

Un agriculteur devenu prestataire

Edmond RAHAJASON a pratiqué l’agriculture durant toute sa vie.  Et, depuis toujours, il travaille la terre pauvre de ses champs à Manantenina, dans le district de Fort-Dauphin. Ce qui fait qu’il a souvent eu des difficultés à nourrir et assurer les besoins de base de sa famille composée de ses neufs enfants et de sa femme. Aujourd’hui, il collabore avec la Welthungerhilfe dans le projet ASARA, financé par l’UE, depuis décembre 2014.

Comment il a rejoint la Welthungerhilfe?

La Welthungerhilfe a d’abord  lancé son offre pour trouver un paysan relais dans la région. Edmond prit alors son courage à deux mains et postula. Après un test fructueux, il rejoint les rangs de ces paysans relais. Il était bien content d’avoir réussi – car l’aide d’un projet signifie dons de matériels dans la région. Il fut alors étonné, voire même déçu, quand la Welthungerhilfe lui a expliqué les principes de ce projet, notamment qu’il ne recevrait rien. Mais comme il était curieux et que les autres projets n’avaient pas non plus changé sa vie, il se décida à suivre ce projet.

Aujourd’hui, il peut se réjouir de son choix : « Ce que j’ai maintenant est beaucoup mieux que des dons gratuits, à savoir des connaissances que je peux transférer aux autres et qui me permettent de gagner de l’argent. »

En effet, le projet de l’UE a pour but de former des prestataires afin de répandre des techniques de cultivation améliorées dans la région. Si auparavant, Edmond appliquait des techniques traditionnelles, il ne s’était jamais imaginé que quelques changements pouvaient apporter de meilleurs résultats. Cela s’est rapidement refléter dans les revenus de son ménage à travers la pratique des cultures maraîchères. Avant, il gagnait entre 40.000 et 60.000 ariary avec la vente des légumes pendant toute l’année, ce qui correspondait alors à une somme entre 13 et 20 €. Et maintenant, durant les six derniers mois seulement, il a gagné 700.000 Ariary, environ 230 €.

 

Edmond et ses choux

Une différence énorme qui est due au fait qu’il ne cultivait ses légumes qu’une seule fois par an. Grâce aux techniques de cultures et d’aménagement,  il peut désormais cultiver toute l’année et sa production a vraiment augmenté. En plus, les techniciens de la Welthungerhilfe lui ont aussi enseigné les manières d’utiliser des produits phytosanitaires contre les insectes qui causaient la perte complète des récoltes  il y a encore quelques mois.

Edmond bénéficie d’un autre statut maintenant : « Le mieux, c’est que je suis tout d’un coup devenu prestataire. » Comme une partie de son champ sert de parcelle de démonstration, les paysans des alentours mais aussi venant de plus loin viennent voir les résultats de ses cultures qui sont devenus populaires. « Les gens me payent maintenant pour mes services. »  Les paysans sont prêts à le rétribuer 5.000 Ariary, ca. 1,70 € plus les frais de transport  pour bénéficier d’une journée avec Edmond et ses connaissances innovatrices. Parmi sa clientèle, il compte trente agriculteurs locaux qui le consultent régulièrement.

Cette  « carrière » comme l’appelle Edmond, lui ouvre ainsi de nouvelles opportunités qui seront toujours là même quand le projet de la Welthungerhilfe prendra fin. Avec l’argent qu’il a gagné, il a même prévu d’ouvrir une boutique où il veut vendre des semences améliorées, des insecticides phytosanitaires et d’autres intrants agricoles.

« Ainsi, je continuerai le travail de la Welthungerhilfe » dit-il en souriant.

Edmond porte fièrement son pulvérisateur

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